
De nos jours, nous voyons fleurir des outils afin de sensibiliser, informer et éduquer nos jeunes à utiliser internet de manière raisonnée comme si ces derniers avaient vraiment perdu toute notion de vie privée. Cette perception serait le résultat d’une fracture générationnelle avec d’un côté la génération des parents et de l’autre la génération des transparents comme le résume le journaliste Josh Freed.
Cette évolution de la vie privée, perçue comme négative par la génération précédente, est la conséquence de la manière dont ils ont construit cette société. Les jeunes de la génération Y sont pointés du doigt pour ne plus faire la différence entre vie publique et privée, eux-mêmes filmés avant même d’être nés, placés sous surveillance permanente par ceux qui les aiment et les éduquent. Dès lors, pour cette génération, cette notion de vie privée, chère à leurs aïeux, est devenue une illusion.
Au cours des dernières années, cette illusion est devenue petit à petit une expérience sensible de la réalité marquée par exemple par le ciblage commercial, cette pratique consistant à sélectionner des publicités sur internet en fonction des recherches préalables. Pour autant, cette illusion avait déjà pris cours auparavant avec la traçabilité des communications ou encore avec les paiements bancaires.
Bon nombre de firmes ou de programmes tels que Control kids ou Cybersitter existent de nos jours afin de contrôler la vie privée des jeunes sur internet. Cette diabolisation du net par les médias pousse les parents mais aussi les éducateurs au sens large à contrôler la vie des adolescents. Cette attitude entrave la mise en place d’une éducation aux médias volontaire et positive. De plus, cette volonté de contrôle déresponsabilise et infantilise les jeunes en les rendant dépendants ; et donc ne leur permet pas d’élaborer les notions et outils nécessaires à la construction d’une attitude citoyenne dans ce nouvel espace public.
« Ados, zéro de lecture » comme le titrait Le Monde est une autre inquiétude de la génération X portée cette fois-ci sur l’appropriation de la culture par les jeunes. Cette révolution numérique faisant partie intégrante de l’ADN identitaire des jeunes, il est vrai, a eu des répercussions sur la manière dont ils s’approprient et transmettent la culture.
D’ailleurs, à l’heure actuelle, internet est devenu une voie d’accès à l’information et d’enrichissement culturel privilégiée par nos jeunes. Mais ce changement est-il le signe d’un appauvrissement culturel ?
Cela n’est vrai que si nous n’admettons pas la numérisation de la société en ce compris la culture. Internet et les réseaux sociaux sont de formidables outils pour avoir accès en deux ou trois clics à des œuvres culturelles très éloignées. D’ailleurs, selon l’enquête autour de la culture mise en place par le Forum d’Avignon, 83% des jeunes ont plus particulièrement recours aux réseaux sociaux pour stimuler et nourrir leur curiosité.
C’est donc à la condition de voir le web comme un lieu de création, de construction et d’invitation à s’approprier la culture que nous pouvons accompagner les jeunes pour encore mieux les former.
Le rôle des Organisations de Jeunesse
Les OJ doivent donner les outils aux jeunes pour qu’ils saisissent toutes les opportunités que génèrent ces nouveaux médias, en évitant certains piègent. L’éducation aux médias doit poursuivre deux objectifs principaux.
Premièrement, il faut initier les jeunes au décryptage et au traitement massif de l’information. En effet, avec l’avènement d’internet, nous avons vu une source d’informations inépuisables mises à disposition des internautes. Avec son apparition, une nouvelle fracture numérique est apparue. D’un côté, les jeunes ayant eux-mêmes construit des outils de lecture propres à ce nouveau mode de transmission de l’information. Et de l’autre, les jeunes n’ayant pas eu l’opportunité de les développer. C’est ici que l’intervention des acteurs de l’éducation formelle et non formelle fait sens. Ces acteurs doivent permettre aux jeunes de construire les outils nécessaires au décryptage et au traitement massif de l’information.
Deuxièmement, ces acteurs éducatifs doivent développer la notion de citoyenneté numérique. À l’heure actuelle, le secteur de l’éducation développe et initie les jeunes à la citoyenneté au travers de différentes activités. Toutefois, malgré la numérisation du monde, ils ne sensibilisent pas suffisamment à ce nouveau pan de la citoyenneté. Par exemple, au sein de l’EVRAS, nous devrions davantage voir apparaître une réflexion avec les jeunes sur les attitudes à adopter au sein de cette société numérique. En effet, à l’heure des nouvelles technologies, la frontière entre le réel et le virtuel est devenue extrêmement ténue. Cela doit inciter les jeunes à être conscients qu’une photo qu’ils publient d’eux sur le web peut rapidement devenir virale. Le phénomène des « sexting », à savoir l’envoi de photos de soi osées voire dénudées, est à cet égard très interpellant.
Du côté des acteurs de l’éducation non formelle, les Organisations de Jeunesse (OJ) jouent donc un rôle fondamental d’éducation citoyenne des jeunes. Cela fait partie de leurs missions prioritaires que d’informer et de sensibiliser les jeunes, notamment à l’usage d’internet. Certaines OJ sont particulièrement actives sur ces thématiques, telles que nos OJ membres : Délipro Jeunesse, les Jeunes Mutualistes Libéraux et ReForm.
- Délipro Jeunesse : Journal mots croisés
- JML et le cyber-harcèlement
- ReForm et son enquête sur l’usage des smartphone
Enfin, le dispositif particulier de soutien aux actions d’éducation des jeunes aux médias, permet aux OJ qui en bénéficient de développer des actions spécifiques dans ce cadre. Ce dispositif offre des moyens supplémentaires pour permettre de développer des actions spécifiques en la matière.