
Service citoyen, cours de citoyenneté, initiative citoyenne… A l’heure actuelle le concept de citoyenneté et les termes y afférents font régulièrement l’actualité. Mais que recouvre véritablement cette notion et comment la définir ?
Des définitions et des réalités multiples
Au regard de la loi, le terme « citoyenneté » renvoie au statut juridique qui permet de devenir citoyen. Ce statut donne ainsi accès à des droits mais également à des devoirs, comme le droit de vote ou encore l’obligation de payer ses impôts. Tout citoyen dispose de ces droits et devoirs, garantis par la Constitution et par l’ensemble des textes légaux régissant le système juridique de chaque pays. Etre citoyen ne se limite pas uniquement à un ensemble de droits et de devoirs, c’est aussi un engagement actif et critique au sein de la société avec pour but de contribuer à la cohésion sociale.
Au sein du Secteur Jeunesse, le terme de citoyenneté fait référence à la finalité première des Organisations de Jeunesse qui est de former des Citoyens Responsables, Actifs, Critiques et Solidaires (CRACS). Concrètement, l’idée est d’aider les jeunes à comprendre le monde dans lequel ils vivent, les aider à s’intégrer dans la société actuelle et favoriser le vivre-ensemble. Dans le monde de l’enseignement, les débats autour du vivre-ensemble ont conduit à l’instauration d’un cours de citoyenneté. L’objectif de ce cours d’EPC (éducation à la philosophie et la citoyenneté) est de donner aux jeunes des clés de compréhension afin qu’ils deviennent des acteurs de demain. Dès 2017, les élèves de secondaire pourront opter pour le cours de citoyenneté en lieu et place du cours de religion et devront suivre deux heures par semaine de ce nouveau cours. Pour ce qui du primaire, le cours d’EPC sera déjà introduit en octobre 2016, à raison d’une heure par semaine.
A plus large échelle, on parle également de citoyenneté lorsqu’on évoque l’appartenance à un Etat membre de l’Union européenne et par conséquent notre appartenance à la société européenne. De là découle le concept de citoyenneté européenne et de nombreuses notions connexes. Suite au traité de Lisbonne, l’Union européenne a par exemple lancé les « initiatives citoyennes européennes », qui permettent aux citoyens européens de soumettre une proposition législative aux instances européennes.
L’avis de Jeunes & Libres
Comme nous l’avons souligné plus haut, la notion de citoyenneté recouvre des réalités très diverses. Envisageons la citoyenneté vue comme le rôle que chaque individu peut jouer dans la société. A cet égard, l’engagement citoyen peut prendre différentes formes : implication au sein d’un club sportif, animation pour un mouvement de jeunesse, activité de bénévolat pour une association… L’ensemble de ces actions citoyennes doivent être prises en compte et davantage encouragées. À cet égard, la classe politique et la société civile doivent soutenir l’investissement dans des projets associatifs et permettre à tout un chacun de se construire et permettre ainsi le développement d’un réel vivre-ensemble.
Dès lors, la question fondamentale est de savoir en quoi l’action citoyenne peut contribuer à l’amélioration de ce vivre-ensemble. Il est important, selon nous, que chaque individu s’interroge sur sa position en tant qu’individu appartenant à une collectivité. Tant pour le développement personnel du citoyen que dans un esprit de collectivité, la réflexion sur le vivre-ensemble est essentielle. Il est bénéfique pour la société que chaque citoyen développe sa propre réflexion. Cette réflexion, doit être vivement encouragée, mais ne peut en aucun cas être imposée. Selon nous, le caractère obligatoire du service citoyen par exemple risque d’être contre-productif et n’induira pas une réflexion personnelle nécessaire à la prise de conscience citoyenne. Chaque individu doit pouvoir rester libre de ses choix et le rôle de l’Etat est d’encourager les initiatives individuelles et la libre entreprise.
La problématique autour de la citoyenneté rencontre deux difficultés, d’une part son évaluation et d’autre part son caractère temporel.
Premièrement, la difficulté est d’évaluer en quoi notre investissement contribue concrètement à l’amélioration du vivre-ensemble. Au-delà de l’aspect théorique, il importe que la citoyenneté ne soit pas une étiquette collée sur un passeport, mais bien quelque chose de concret, qui a un impact sur le terrain. L’accès à la citoyenneté nous offre des droits mais également des devoirs. Etre citoyen c’est être acteur de la société dans laquelle on vit mais également prendre la pleine mesure des responsabilités qui nous incombent. Etre citoyen ne se limite pas à quelque chose de ponctuel, comme le fait de se rendre aux urnes un dimanche matin. Etre citoyen c’est apporter continuellement sa contribution à l’établissement d’une société juste et libre. Chaque individu est ainsi appelé à s’émanciper et peser de tout son poids dans la société.
Deuxièmement, la citoyenneté s’appréhende et se construit également sur le long terme et non dans l’immédiateté. Or, la société actuelle et le prisme politique sont bien souvent orientés vers le court terme, comme on peut l’observer par exemple avec le cours d’EPC. En effet, si ce cours constitue en soi une bonne idée, il nécessite une réflexion à plus long terme sur comment mettre en œuvre cette éducation à la citoyenneté dans les écoles. Certains instituteurs de primaire se trouvent totalement démunis face à l’introduction de ce nouveau cours pour lequel ils n’ont, pour l’heure, reçu aucune formation ni programme arrêté. Par ailleurs, si les écoles ont un rôle clé à jouer dans l’éducation à la citoyenneté, elles ne sont pas les uniques protagonistes. En effet, les acteurs de l’éducation non-formelle, telles que les Organisations de Jeunesse (OJ) occupent un rôle essentiel. Les OJ offrent des espaces pour expérimenter, se rencontrer, échanger et aident chacun à trouver sa place dans la société.
Le développement de politiques en faveur de la citoyenneté est une réponse aux grands enjeux du futur. La maxime selon laquelle l’avenir appartient à la jeunesse se confirme pleinement. Les jeunes d’aujourd’hui sont amenés à être les décideurs de demain. Offrons-leur toutes les clés pour pouvoir se positionner dès à présent et être acteurs dans la société de demain. Les jeunes ont incontestablement une plus-value à apporter à la société, notamment grâce à une vision différente de leurs aînés. Parfois plus proches de la réalité de terrain, ils peuvent faire avancer le débat d’idées, et doivent pour ce faire être à tout le moins écouté.